En cette période d' olympisme effréné, France Inter vient de faire preuve de courage et de pédagogie en invitant dans son émission "çà vous dérange", à une heure de grande écoute, le seul historien travaillant sur les jeux olympiques en France, Patrick Clastres et l' auteur de "Feue la flamme", Olivier Villepreux.
Titre de l' émission : Le CIO est-il une mafia ?
Patrick Clastres est historien. Il s' est spécialisé dans l’histoire du sport et de l’olympisme, envisagés sous l’angle du politique et du culturel. Chercheur rattaché au Centre d’histoire de Sciences Po, il est membre du Comité de rédaction de la revue Histoire@Politique. Dans son livre, Jeux Olympiques : Un siècle de passions , il rappelle l' histoire pour le moins troublée des jeux Olympiques modernes.
Des valeurs affichées de loyauté, de respect et de fraternité.
Qui aurait pu croire en 1896, lors des premiers jeux Olympiques modernes à Athènes, que la flamme olympique en route pour Pékin soulèverait, un siècle plus tard, tant de polémiques et de passions ? Pour le Français Pierre de Coubertin, aristocrate libéral et pacifiste à l'origine de la renaissance des Jeux, le sport devait permettre aux athlètes du monde entier de s'affronter et de se dépasser dans la loyauté, le respect et la fraternité. Mais selon Olivier Villepreux, l'objectif était double : d'abord, il aspirait à prémunir la jeunesse contre "l'oisiveté, le sexe et la pensée socialiste". D'autre part, il voulait remettre au goût du jour les jeux Olympiques de la Grèce antique, exaltant la compétition comme moyen de réunir tous les quatre ans des hommes de toutes nationalités.
Le CIO, une entité "opaque" pour un pouvoir mondial
Les valeurs affichées par l' olympisme ont-elles réellement survécu à ce XXe siècle, marqué par tant de guerres et de conflits ? D'abord vitrine du colonialisme, les Jeux seront délibérément instrumentalisés par les pouvoirs politiques. A Berlin en 1936, Hitler en fait une vitrine du nazisme. Patrick Clastres rappelle que dans les années 80, les Jeux sont menacés de disparition par des boycotts successifs, à Moscou puis aux Etats-Unis. Dans son livre, Patrick Clastres s'interroge sur les rapports entre le CIO et les états et les organismes internationaux dont l'ONU avec qui, à plusieurs reprises, il fut en conflit au point que de nombreuses contre manifestations, qu'on a oubliées, ont existé : Les jeux de l'Empire Britannique (1930), les Spartakiades (1928), les Olympiades populaires de Barcelone (1936) ou les Paralympiques (1960).
Alors, par quel miracle le Comité international olympique a-t-il réussi à rétablir son autorité ? Quel rôle cette entité, au fonctionnement si opaque, joue-t-elle dans la répartition de la masse ahurissante d'argent générée par les sponsors et les droits de retransmission ?
Il faut savoir que le CIO a confié ses intérêts aux entreprises privées et aux chaînes de télévision. Aujourd' hui, grâce à la technique, les télévisions peuvent choisir de ne diffuser en direct que des images de leurs athlètes "nationaux". On est très loin de valeurs affichées ! Mais dans ce monde concurrence effrénée, de publicité, d'entraînements intensifs, de pressions psychologiques, tout est fait pour masquer la réalité par un discours pacifique et généreux.
Une multinationale prospère
En définitive, les anneaux olympiques sont-ils toujours le symbole des peuples unis dans le sport pour la paix ou sont-ils devenus le logotype d'une multinationale prospère et puissante qui règne sur le sport international ? Ces deux livres abordent l'ensemble de ces questions majeures qui attisent aujourd'hui le débat autour de l'olympisme et de ses valeurs.
Jeux Olympiques : Un siècle de passionsFeue la flamme : Pour en finir avec les JO